Florian Pugnaire & David Raffini
L'ONDE
2017
Acier inoxydable poli-miroir, acier doux - 100 x 200 x 1900 cm
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Vingt-quatre tôles d’acier inoxydable polies sont alignées sur deux rails étendus sur dix-neuf mètres de long, évoquant le retentissement d’une onde de choc. La première tôle arbore en son centre un impact produisant une violente déformation de la matière et, dans son sillage, vingt-trois autres plaques semblent peu à peu se redresser. L’impact initial se répercute de l’une à l’autre jusqu’à la dernière, indemne, disparaissant progressivement dans une inexorable dégressivité.
« L’onde » s’inspire des études sur la décomposition du mouvement de la fin du 19e siècle, plus précisément des recherches chronophotographiques d’Eadweard Muybridge et Etienne-Jules Marey, qui précèdent l’invention du cinématographe. Les 24 tôles qui la composent semblent s’animer comme autant d’images dans une seconde de cinéma, se déployant non dans la durée mais dans l’espace pour provoquer instantanément la sensation d’un mouvement. La sculpture s’inscrit donc au cœur de notre pratique en duo, qui se déploie le plus souvent dans les champs de la sculpture, de l’installation et de la vidéo, par la mise en scène de procédés de transformation de la matière orchestrés de manière mécanique, chorégraphique ou cinématographique. Mais ici aucun mécanisme ne génère le mouvement, aucun film ne témoigne du processus : la métamorphose se dévoile en une image figée dans l’espace et dans le temps.
« L’onde » n’est pas simplement une image arrêtée, mais la représentation d’une période de temps — une seconde en l’occurrence — dans l’espace. À hauteur d’homme, elle matérialise une distance parcourue dans un temps donné, ou l’inverse. Si la question d’un temps séquencé nous renvoie au cinéma, elle s’inscrit aussi dans le champ de la peinture : on pense inévitablement au futurisme, mais le rapport au corps induit par la dimension humaine de chaque tôle, ainsi que la décomposition géométrique du mouvement, évoquent plus particulièrement une peinture d’inspiration cubiste telle qu’envisagée par Marcel Duchamp lorsqu’il peint en 1912 le « nu descendant l’escalier ».